Le plan Vigipirate, à son niveau maximal, prévoit d'équiper les policiers d'un pistolet-mitrailleur à la place de leur habituel pistolet automatique 9 mm. Certains voudraient que cette mesure, exceptionnelle, devienne la norme.
Après la fusillade mortelle à Charlie Hebdo, où deux assaillants ont agi lourdement armés avec des fusils d'assaut, et alors que la menace terroriste est montée d'un cran dans notre pays, la question de l'armement des policiers agissant sur la voie publique se pose. Pour les syndicats de police, l'équipement de ces fonctionnaires doit nécessairement être plus important. «Nous sommes confrontés à des terroristes armés et nous devons nous adapter à ce nouveau danger», soutient le secrétaire général du Syndicat général de la police (SGP-FO, majoritaire), Nicolas Comte. D'ailleurs, les moyens exceptionnellement alloués aux forces de l'ordre dans le cadre du plan Vigipirate - relevé à son niveau maximal depuis mardi - devraient, selon lui, être maintenus une fois l'«alerte attentat» levée.
«Dans le cadre du plan, les policiers ont un gilet pare-balles lourd et, au lieu de leur habituel pistolet automatique 9 mm, ils disposent d'un pistolet-mitrailleur. Il faudrait conserver cet équipement», dit-il, rejoint dans cette analyse par l'ancien commandant du GIGN, Frédéric Gallois. Cet ex-haut fonctionnaire, qui a connu l'usage des armes lourdes lors de missions sensibles, ne sous-estime pas les dangers qui guettent policiers et gendarmes chargés de la sécurité publique. «Face à une menace qui se durcit, il faut militariser la riposte de ces hommes qui sont les premiers échelons d'intervention, comme on l'a vu lors du récent attentat. S'ils ne disposent pas d'un armement aussi puissant que les terroristes, ils ne pourront jamais avoir l'ascendant», assure-t-il.
«Améliorer les méthodes»
Toutefois, un dispositif armé plus important doit s'accompagner, selon lui, d'une formation psychologique adaptée. Le «fighting spirit» réservé aux forces spéciales devrait être, dit-il, enseigné, sous une forme appropriée, aux forces de voie publique. «La gendarmerie a d'ailleurs commencé à déployer cet enseignement», souligne-t-il.
Devenu la cible des fanatiques, «l'uniforme en bleu» doit plus que jamais être protégé par un arsenal plus performant, souligne aussi le secrétaire général d'Alliance, Jean-Claude Delage. Mais faut-il alors aussi armer toutes les polices municipales en France, quand 30 % d'entre elles le sont à ce jour? Pour leur principal syndicat, le SNPM (Syndicat national des policiers municipaux), cela ne fait aucun doute. «Nous devrions tous posséder les mêmes armes car le danger est le même pour tour tous», soutient son trésorier, Jean-Marc Jofre.
Mais le recours à un armement plus conséquent n'est pas, pour tous, la solution. «D'abord parce que l'on ne peut transformer chaque fonctionnaire en “RoboCop” et ensuite parce qu'il me paraît plus pertinent de systématiser les vrais retours d'expérience pour améliorer les méthodes d'action», affirme le professeur en criminologie au Cnam, Alain Bauer. Ce dernier estime d'ailleurs que «dans 99 % des cas, l'équipement aujourd'hui en vigueur est suffisant». «Il est bien adapté», soutient aussi Sébastien Piffeteau, vice-procureur au tribunal de Bobigny, qui se préoccupe bien plus de l'insuffisance des séances de tirs des policiers. L'entraînement est, en effet, de l'avis de ces derniers, totalement incomplet. À cela s'ajoutent des gilets pare-balles usés non renouvelés, des armes anciennes toujours en service… Pour les syndicats, à l'heure des menaces plus fortes, la vétusté des moyens n'est plus acceptable.
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