Yannick Balland, gendarme de l’escadron mobile de Saint-Etienne-lès-Remiremont a été grièvement blessé par un déséquilibré, au Thillot, dans l’après-midi du 24 décembre 2011. Il n’y aura pas de procès.
Détaché en renfort à la brigade du Thillot, Yannick Balland intervenait avec ses collègues en vue d’interpeller un individu suite à l’agression d’une caissière de supermarché. L’intervention qui s’est déroulée en pleine rue, quelques heures avant le réveillon de Noël, a mal tourné. Le gendarme Balland a reçu trois coups de couteau : un premier derrière la tête, le deuxième au niveau du flanc et le dernier dans le dos, lui sectionnant l’artère costale et provoquant une hémorragie interne. Après une opération et une transfusion sanguine (neuf poches de sang), Yannick Balland « un miraculé », selon les médecins s’en est sorti. Sans séquelles. L’agresseur présumé, aujourd’hui âgé de 37 ans, sortait d’un séjour en hôpital psychiatrique.
« J’aurais pu le tuer »
Après plusieurs expertises, il s’est avéré que l’individu était atteint de schizophrénie dangereuse. Le juge d’instruction en charge du dossier a de ce fait renvoyé l’affaire devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Nancy. L’audience s’est déroulée le 20 janvier dernier et l’affaire mise en délibéré. La chambre de l’ordre a rendu son arrêt mardi : l’auteur présumé ne sera pas jugé. Il a été conclu à son irresponsabilité pénale et à l’abolition de son discernement au moment des faits. Il a été placé dans un établissement spécialisé. « Une victime a besoin de voir le criminel traîné et condamné lourdement devant une cour d’assises. Mon client en sera privé », déclare Me Thierry Moser. Parce qu’il n’est pas possible de faire appel de cette décision. Reste le pourvoi en cassation « qui n’aurait aucun sens. Cette déclaration d’irresponsabilité était prévisible », accorde Me Moser.
Aujourd’hui, le gendarme reste humble : « Je ne suis pas le seul dans ce cas-là. » Celui qui avait pu retravailler après trois mois de convalescence a repris « du poil de la bête », même s’il lui « arrive encore de faire des cauchemars ». Il a quitté les Vosges « j’avais trop de mauvais souvenirs ». L’arrêt de la cour d’appel ne le surprend pas outre mesure. « Il est malade, je me doutais qu’il n’irait pas en prison. Le principal est qu’il reste enfermé longtemps et surtout qu’il ne recommence pas. » Ce 24 décembre 2011, Yannick Balland a sommé ses hommes de ne pas user de leur arme. Il les a imités malgré sa position de légitime défense. « J’aurais pu le tuer ». Il ne l’a pas fait. Sans doute par conscience et professionnalisme.
Laurence MUNIER avec Eric NICOLAS
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