La gendarmerie de l’Indre reçoit 50.000 appels “ d’urgence ” par an. Seuls 15 % nécessitent une intervention. Quant aux autres…
Je me promène. Rien à signaler sur Issoudun. Les agents du Centre opérationnel de la gendarmerie (Cog), caserne Charlier, à Châteauroux, connaissent bien la voix légèrement rocailleuse de M.X., Issoldunois de 52 ans. « Il nous a appelés onze fois depuis septembre », constate Johanny, du Cog. Ce 4 décembre, à 6 h, la jeune brigadier-chef sort de dix heures de garde. Pourtant, elle prend le temps d'écouter M.X. « Je vous appelle pour connaître le numéro de téléphone de la maison de retraite Reflets d'argent, où il y a mon père. » Johanny s'exécute avec bienveillance. « Il est extrêmement gentil. Il nous appelle souvent pendant la promenade de son chien. »
" Une commande de pizzas "
Ce jour-là, la conversation va durer près de vingt minutes. « Nous sommes une ligne d'urgence, reconnaît le lieutenant Denis Rodier, chef du Cog. Mais on a aussi un rôle social à jouer. » Le Cog reçoit, en moyenne, 50.000 appels par an. « 7.000 à 8.000 nécessitent l'engagement d'unités de gendarmerie sur le terrain », estime le lieutenant Rodier. Les autres sont classés comme « appels sans suite ». « Des gens nous appellent pour connaître les médecins et pharmacies de garde, ou encore les conditions météorologiques. »
Certains appels prêtent à sourire. « On a eu une commande de pizzas, il y a une dizaine de jours, s'amuse le lieutenant Rodier. La semaine passée, une dame voulait prendre rendez-vous pour une coupe de cheveux. » Parfois, les gendarmes sont aussi la cible de quolibets. « Samedi, on s'est fait traiter de trous du c… », raconte Yannick, en riant. Mais les insultes peuvent aller beaucoup plus loin. Comme dans la nuit du 28 au 29 novembre, à 2 h 45, où Johanny a, pendant plusieurs minutes, essuyé un flot d'insultes de la part d'un individu visiblement alcoolisé. « Ce n'était pas son premier appel », précise-t-elle. C'est pourquoi une plainte a été déposée. « On le fait quand les appels sont répétés et qu'il y a des insultes caractérisées et personnalisées contre le gendarme, explique le lieutenant Rodier. Parfois, on écoute, car il peut y avoir une détresse sociale derrière. »
Fort heureusement, les gendarmes ne font pas que supporter ce genre de propos agressifs. « Des gens nous appellent pour nous souhaiter " Joyeux Noël " ou " Bonne année ", s'égaie Johanny. Et on sent que c'est sincère, ce n'est pas pour se moquer de nous. » M. X ne dira pas le contraire.
Bertrand Slézak
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