Quand on mélange terrorisme et associations professionnelles de militaires.
Nous avons pu suivre cette interminable discussion du 2 avril à l’Assemblée Nationale portant sur une proposition de résolution de renégociation des conditions de saisine et des compétences de la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme). Il est précisé qu’il s’agissait des questions touchant à la sécurité nationale et à la lutte contre le terrorisme.
Nous n’allons pas chercher à faire une synthèse de ce long débat où l’on retrouve sans cesse les mêmes arguments opposés les uns aux autres.
Ce qui nous choque avant tout c’est de voir que dans une proposition de résolution, on mêle dans la même discussion le terrorisme et le droit d’association professionnelle des militaires comme si l’un et l’autre avaient la même portée sur la sécurité nationale.
On nous apprend que les jugements portés par la CEDH représentent une dérive inquiétante de sa jurisprudence. Pourtant s’agissant du droit d’association des militaires, tous les recours possibles devant la loi française avaient été épuisés. Il ne restait plus que les instances européennes pour faire valoir un droit déjà accordé dans de nombreux pays européens.
Certains intervenants semblent avoir découvert « qu’un premier syndicat a été créé au sein de la gendarmerie ». On ne peut leur reprocher d’ignorer les autres associations existantes puisqu’ils ne se sont jamais intéressés à elles.
Lorsqu’il est pris en référence « les prétendus terroristes de l’affaire des Irlandais de Vincennes » pour mettre en avant la pertinence d’avoir une CEDH nous pensons que retourner plus de 30 années en arrière pour trouver un exemple peut réellement nuire au jugement susceptible d’être porté sur l’utilité de cette instance Européenne.
Nous n’avons pas à nous prononcer sur les pouvoirs exorbitants ou non de la CEDH, des parlementaires représentant les citoyens sont là pour en juger. Nous regrettons seulement que des amalgames soient faits et que certains se prononcent sans réserve contre des associations sans que les textes qui devront les encadrer n’aient été discutés et votés. Plus encore, laisser supposer que ces associations représentent un danger aussi important pour notre République que l’impossibilité d’expulser certaines personnes visées pour des faits de terrorisme, c’est faire un amalgame qui défie l’entendement.
Les militaires qui ont, grande évolution, le droit de vote depuis 1945 (les femmes l'obtiennent en 1944), demeurent aux yeux de ceux qu'ils participent à élire, d'irresponsables imbéciles en raison de leur investissement au service de la Nation. Le militaire, piètre patriote et bien moins conscient de la protection des intérêts de la France, identifié comme menace contre la République et la démocratie, n'a donc pas le droit d'être représenté et de s'exprimer collectivement.